DROGBA ENVOIE CHELSEA EN FINALE
Par Jean-Michel ROUET (à Stamford Bridge)
Les Blues de Chelsea rencontreront Manchester United en finale de la Ligue des Champions, le 21 mai à Moscou, grâce à deux buts de l'Ivoirien Didier Drogba, dont un en prolongation.
Chelsea y est enfin ! Après trois demi-finales perdues (2004, 2005, 2007), les deux dernières justement contre Liverpool, le club de Roman Abramovitch s'est pour la première fois de son histoire invité au dernier rendez-vous de la Ligue des Champions. Le destin l'enverra donc le 21 mai à Moscou sur la terre natale de son propriétaire !La première finale anglo-anglaise opposera les deux équipes qui luttent aussi toujours pour le titre de Premier League (et qui se sont rencontrées samedi dernier à Stamford Bridge pour une victoire des Londoniens 2-1), Chelsea et Manchester United, vainqueur pour sa part en demi-finale du FC Barcelone mardi soir (0-0, 1-0).
Dans ce Chelsea-Liverpool, chaque équipe eut d'abord sa mi-temps, et après que Fernando Torres (64e) ait répondu à Didier Drogba (33e). Il fallut pourtant avoir recours à la prolongation qui fut de trop pour Liverpool (3-2). Et au terme d'un match à couper le souffle (19 tirs pour Chelsea, 15 pour Liverpool !), le quintuple champion d'Europe tomba sous les coups de Drogba, auteur d'un doublé et gigantesque homme du match (lire par ailleurs), même si les Anglais retiendront le penalty décisif transformé par Frank Lampard à la veille des obsèques de sa mère.
Ce fut l'image de la première mi-temps, Drogba glissant à genoux, sur la pelouse détrempée, pour célébrer l'ouverture du score face au banc de Liverpool et, surtout, à Rafael Benitez, qui l'avait accusé avant le match d'abuser les arbitres par ses simulations. Comme promis, l'attaquant ivoirien de Chelsea venait de répondre sur le terrain en reprenant de quinze mètre en biais un ballon repoussé par Reina sur un tir de S. Kalou (1-0, 33e). Chelsea trouvait la récompense d'une domination quasi constante. En dehors d'une très bonne sortie de Cech au devant de Torres (10e), Liverpool, malgré une possession de ballon supérieure (55% à la pause), n'avait en effet rien fait de bon. Rendue difficile par la pluie incessante, la pelouse compliquait les transmissions de balle mais Chelsea se montrait le plus précis par Lampard et Ballack tout en faisant aussi la différence athlétiquement.
Les Reds se refont après la pause
Drogba, qui rata le cadre de peu à la 19e minute, torturait à lui seul la défense des Reds. Les Blues s'essayaient aussi de 25 mètres ou plus par Drogba (6e), Essien (22e) et Ballack (26e), lequel, d'un splendide coup franc enveloppé au ras de la lucarne, fut très près d'accabler Liverpool juste avant la pause (42e).
Benitez éleva probablement la voix pendant le repos. Les Reds changèrent tout d'un coup de rythme et ils seraient déjà revenus dans le match sans un réflexe de Cech sur un tir de Kuyt (48e). Le gardien tchèque s'inclinait finalement après un décalage parfait de Benayoun vers Torres qui marquait le premier but de Liverpool à Stamford Bridge depuis celui de Bruno Cheyrou il y a plus de quatre ans (1-1, 64e) !
Lampard et Drogba font le break
Ce n'était plus du tout le même match. Liverpool s'était rendu maître du milieu. Avram Grant allait relancer son équipe en faisant rentrer Malouda à la place de Kalou (70e) puis Anelka à celle de J. Cole à l'entame d'une prolongation totalement folle. Après un tir repoussé d'Anelka, Essien se vit d'abord refuser un but pour un double hors jeu de position de deux de ses coéquipiers pourtant passifs sur l'action (95e), et cent secondes plus tard l'arbitre italien Roberto Rosetti accordait un penalty indiscutable aux Blues pour une faute d'Hyppia sur Ballack (97e). Dans la terrible détresse qui est la sienne actuellement, le pied de Frank Lampard ne tremblait pourtant pas (2-1). Puis, Drogba coupait au premier poteau un centre parfait d'Anelka (3-1, 105e) ! Ensuite, Liverpool réclamait à son tour - vainement - un penalty pour une intervention de Drogba sur Hyypia - le monde à l'envers ! - Babel maintenait le suspense jusqu'au bout d'un tir de plus de trente mètres mal négocié par Cech (3-2, 117e). Il était trop tard pour les Reds.