Lens, quel gâchis !
Tenu en échec par Bordeaux (2-2) lors de la 38e journée, Lens est condamné à descendre en Ligue 2 au terme d'une saison gâchée. Malgré un recrutement ambitieux l'été dernier, le club nordiste a commis trop d'erreurs, notamment dans le choix de ses entraîneurs, pour se maintenir.
Dix-sept ans. Cela faisait dix-sept ans que Lens faisait le bonheur de la France du football. Son fantastique stade Bollaert coloré en sang et or, bercé par les chants de ses fervents supporters, ô combien précieux quand le Racing devait soulever des montagnes. Lens et ses 40 000 habitants, dont 34 000 dans les tribunes à chaque match du club nordiste à domicile. Lens et son titre de champion de France en 1998, année en or pour tout le football français. Dix ans plus tard, ce n'est plus une page qui se tourne mais un livre qui se referme. Avec seulement 40 points en 38 journées, le Racing est condamné à descendre en Ligue 2. Enfin, à attendre que la montée de Grenoble soit officialisée. Car c'est aujourd'hui le dernier espoir lensois de ne pas voir l'incroyable gâchis de cette saison sanctionné par une descente aux enfers.
Celle-ci était attendue depuis une semaine. Après la défaite à Lille (2-1), et avant de recevoir Bordeaux, Lens était déjà dans la zone rouge. Malgré un match nul heureux contre le vice-champion de France (2-2), la donne n'a pas changé. Mais les regrets ne sont pas sur cette rencontre. "Le problème n'est pas ce soir. Il a manqué du réalisme sur des matches clefs pour nous. A Nancy, à Auxerre, à Lorient, on ne prend je crois qu'un point alors qu'on aurait dû en prendre neuf", estime ainsi Eric Carrière.
Le milieu lensois va plus loin. "C'est un gâchis, il y a beaucoup de gens malheureux. On peut avoir beaucoup de regrets car ce n'est pas comme si on n'avait pas le niveau de la Ligue 1", enrage l'ancien Nantais. Et pour cause. En début de saison, Lens prétendait au moins à l'Europe, au mieux à la Ligue des Champions. Un budget de 59 millions d'euros, l'un des plus importants parmi les clubs de Ligue 1, et un recrutement en conséquence. Vedran Runje, Bonaventure Kalou puis Nadir Balhadj cet hiver sont venus renforcer une formation qui avait su garder ses meilleurs éléments : Hilton, Aruna Dindane, Eric Carrière et Olivier Monterrubio. Lens l'ambitieux, si loin des valeurs de 1991 quand Jean-Guy Wallemme et Guillaume Warmuz incarnaient l'image d'un club stable et familial.
Erreurs de casting
Mais la plus grosse erreur de casting est d'avoir sorti Guy Roux de sa retraite pour lui donner un poste d'entraîneur laissé vacant par Francis Gillot. Arrivé en 2005, quatrième en 2006, cinquième en 2007, celui qui a sauvé Sochaux de la relégation n'avait pas supporté la non-qualification, pour un petit point, au tour préliminaire la Ligue des Champions. Gillot avait pris la responsabilité de cet échec et Gervais Martel n'avait pas pu, su ou voulu le retenir. C'était certainement la première erreur du président lensois.
Le battage médiatique autour de l'arrivée de Roux n'avait déjà pas servi les destinées de son équipe. L'incapacité de l'ancien d'Auxerre à surmonter les mauvais résultats du début de saison jusqu'à son départ, au soir de la 5e journée, alors que le Racing était 19e, a fini par plomber le club artésien pour de bon. Jean-Pierre Papin a pris sa succession sans réussir à inverser la tendance. Encore moins avec Daniel Leclercq, appelé à la rescousse par Martel en janvier. Ce duo n'aura finalement jamais vraiment bien fonctionné, surtout en fin de championnat où les divergences tactiques entre les deux hommes ont fini par apparaitre au grand jour. L'instabilité du club a fini par avoir raison de la qualité de ses joueurs, de la solidité de son collectif et, pour conclure, de sa présence en Ligue 1. "On va faire face. Avec j'espère un dynamisme retrouvé dès le mois d'août", lâche Martel avant de tourner les talons. Direction la Ligue 2, 17 ans après. Tout est à refaire.
Eurosport.fr